Le 4ème Bataillon du 18 RG à Grenoble

Le 1er octobre 1923, le 4ième Bataillon du 18ième Régiment du Génie (Quartier Général à TOUL) est créé à GRENOBLE. Le Chef de Bataillon BOUGIER en prend le commandement, il occupait déjà à GRENOBLE les fonctions de chef du dépôt du matériel du génie, depuis mars 1922. Le bataillon fut formé à partir d’éléments de la 13^ième Compagnie du 48^ième Bataillon du Génie de TOUL qui venait d’être dissous.

Le 23 Novembre 1923, des renforts (350 hommes) sont envoyés au bataillon. Le 30 Novembre 1923, le 4^ième Bataillon du 18^ième Régiment du Génie s’installait dans les quartiers VINOY et BIZANET. Ces quartiers se situaient derrière les fortifications de la ville, au sud de l’ISÈRE, dans un vaste ensemble militaire qui comprenait :
________________- la Caserne VINOY ⁽¹⁾


________________- la Caserne BIZANET ⁽¹⁾


________________- la Caserne DODE qui est devenue un centre administratif civil ;
________________- la Caserne de l'ALMA qui est toujours la propriété de l'armée (voir plan ci dessus).


*(1) les casernes Bizanet et Vinoy ont été détruites après la Seconde Guerre mondiale et ont laissé la place au Musée de Grenoble.*

Actuellement, de la Caserne VINOY, il ne reste plus qu'une échauguette des fortifications et le pigeonnier. Cette reproduction de vieille carte postale montre bien le pigeonnier en situation. On y distingue également les antennes radio déployées sur le toit, ce bâtiment abritait aussi une station radio (2).


(2) Télégraphie Sans Fil militaire, côté secteur civil, la réception par TSF rencontrait un vif succès. En Isère, en 1926, on comptait déjà 2000 postes de T.S.F (voir aussi le quartier BAYARD).

		Une photo prise, dans les années 2000, montre ce même pigeonnier (rénové) à côté du Musée de GRENOBLE qui a pris la place du quartier Vinoy.



On distingue aussi l'échauguette qui a été conservée (voir photo ci-dessus a droite et plan ci-dessous)



La création du Bataillon ne passa pas inaperçue comme le montre un article du " Petit Dauphinois ". A cette époque on parlait de Services Téléphoniques, Télégraphiques, Télégraphie sans fil (TSF), Télégraphie Optique, pigeons voyageurs (3).

*(3) La complémentarité des moyens a toujours été une constante dans les Transmissions*

Tout en laissant à ce journaliste du " petit Dauphinois " la responsabilité de ses écrits, il convient de signaler le lien particulier qui existait et existe toujours entre cette ville et l'électricité et par voie de conséquence les Transmissions. En effet, Grenoble a toujours été à la pointe de la recherche dans ce domaine. Le jeune Lieutenant Ferrié y était affecté en février 1891 (au 4ième Régiment du Génie à Grenoble) et il s'était inscrit, comme auditeur libre, à l'enseignement supérieur d'électrotechnique. Plus tard, le Lieutenant sympathisa avec le Commandant Boulanger (4) qui fût aussi un précurseur de la T.S.F. Par ailleurs Il présidait, en 1889, une commission chargée de contrôler les travaux de Monsieur Marcel DESPREZ (Ingénieur Français qui, de 1876 à 1886, conduit les premiers essais de transport d'électricité sur de longues distances, il fût élu à l'académie des sciences en 1886).

Pour ce qui concerne le Bataillon il était chargé de former les personnels de transmissions des Unités Alpines. Cette formation était complétée dans les camps d'Instruction du Sud-est où étaient mises sur pieds des " Compagnies de Transmissions de Manœuvre " placées ensuite à la disposition des Divisions venant s'entraîner (ces grandes unités ne possédaient pas de formations organiques).

Le projet d'encadrement du Bataillon était le suivant :
__________-13 Cie (créé le 14-10-24) : CNE CHARRIER (5).
__________-14 Cie (6) : ____________LTN GOTHIE.
__________-15 Cie (créé le 1-12-23) : .CNE LANDOUZY.
__________-16 Cie (6) : ____________LTN MONTEIG (7) .

(4) également affecté au 4ième Génie comme Lieutenant, en 1883.Il est enterré à La Troche, près de Grenoble. En 1905, il écrivit, avec le Capitaine Ferrié, un livre sur la radio, qui fit autorité,
*(5) qui partira au Maroc avec sa compagnie le 8 septembre 1925.*
*(6) création des 14ièmeet 16ième Compagnies par dédoublement des 13ièmes et 15ièmes Compagnies le 16 octobre 1926*
*(7) En rentrant du Maroc, en septembre 1926, il sera à nouveau affecté au Bataillon et commandera cette 16ième compagnie créée en Octobre1926.*

De 1924 à 1928, le 4ième Bataillon a participé à de nombreuses manœuvres dans les Alpes avec :
	- la 27ième Division Alpine ;
	- la 29ième Division Alpine, et la 14ième Division ;
	- la 30ième Division d'Infanterie ;
	- la 6ième Division de Cavalerie.

En septembre 1924, le bataillon se livre à d'intéressantes expériences en installant un poste de T.S.F. (émetteur-récepteur) à 2 500 m d'altitude dans le massif des Grandes Rousses. Le matériel fut transporté à dos de mulet jusqu'au lac Bramant (2500 m). La Société hydroélectrique de l'Eau d'Olle ayant aménagé un abri pour les sapeurs. L'intensité de la réception dépassa de beaucoup les espérances. Le poste reçut LONDRES et PARIS. Ainsi de nouvelles perspectives civiles et militaires s'offraient dans le domaine de la radio en montagne.

Le même mois, le bataillon participe aux manœuvres de la 29ième Division dans la région de NICE où il réalisa le déploiement, en un temps record, dans une zone montagneuse, de 100 km de câbles téléphoniques. Le 8 Juin 1924, le Bataillon déplore la mort accidentelle en montagne du Lieutenant de ROQUEMAUREL âgé de 28 ans. Les obsèques eurent lieu le 11 juin 1924. Le 8 septembre 1925, la 13ème Compagnie du Bataillon part au Maroc, au moment le plus critique de la Campagne, sous les ordres du CNE CHARRIER avec les LTN MONBEIG, ROUSSELOT et BOULTE. Cette Compagnie ne reviendra plus au régiment et restera définitivement au 44ième Bataillon du Génie. Le 15 janvier 1926, le bataillon est inspecté par le Général FERIE puis le 11 février de la même année par le Commandement de la Brigade Télégraphique. Le 30 avril le Bataillon est dissous, il va entrer dans la constitution du futur 28ième régiment du génie à Montpellier.

Le Général JACQUEMOT, Gouverneur militaire de Lyon, rappelle à cette occasion combien, en toutes circonstances, de paix et de guerre (en particulier au Maroc, comme le montrent les citations), le bataillon s'est montré selon ses termes : " une unité d'élite animée du plus bel esprit militaire ".Il exprime aussi toute sa satisfaction au lieutenant-colonel Bougier (qualifié de chef actif, énergique, technicien expérimenté) qui a commandé le bataillon depuis sa fondation ainsi qu'aux officiers,sous-officiers,caporaux et sapeurs qui le composent ".

A l'occasion du départ du Bataillon, il y eût deux réceptions au Cercle Militaire, place de Verdun :

	*(8)*

- la première eut lieu le 25 avril 1929 où les officiers de la garnison voulurent témoigner de leur sympathie auprès de leurs camarades sapeurs qui partaient pour Montpellier. Le Général Frantz, commandant d'armes, exprima ses regrets de voir partir cette unité dont il n'eut qu'à se louer.
Le Lieutenant Colonel Bougier remercia tous les intervenants pour leurs paroles élogieuses vis à vis du Bataillon. Le jazz de la garnison (signe des temps) apporta une petite touche d'ambiance à cette réunion.
- la deuxième eu lieu le 27 avril 1929 au cercle Militaire, elle concernait les sous-officiers et fût également présidée par le Général Frantz qui déclara notamment : " je les ai vus à l'œuvre les uns et les autres, je les admiré pour leur dévouement et leur conscience dans l'accomplissement de leur tâche, pour toutes ces belles qualités, je tiens à leur rendre un public hommage "

(8) Cercle Militaire (anciennement école d'artillerie) .Ce bâtiment qui est resté très longtemps Cercle Militaire a été vendu il y a quelques années au secteur civil.

Ainsi, dans le " petit Dauphinois " du 29 avril 1929, on pouvait lire dans les " nouvelles militaires " ce petit entrefilet : Déplacement de troupes : le 4ième Bataillon du 18ième Régiment du Génie, quittera Grenoble le mardi 30 avril à midi pour rejoindre Montpellier sa nouvelle garnison… En partant de Grenoble, la musique et une escorte du 4ième Régiment de Génie accompagnent le détachement dans la traversée de la ville.
L'aventure grenobloise était terminée

		______Le Général de Division (2S) Pierre QUESNE ______(Chef de corps du 28RT de 1991à1993)

Cet article fût rédigé grâce :
	aux archives du SHD à Vincennes ; aux archives de la Bibliothèque départementale de Grenoble ; à des souvenirs personnels.

Création du 4ème Bataillon du 18° RG à Grenoble (1923)